"L'intelligence ce n'est pas ce que l'on sait mais ce que l'on fait quand on ne sait pas." Jean Piaget, psychologue et fondateur du constructivisme.

Voilà une définition qui laisse la place à la pluralité des intelligences et beaucoup moins réductrice que celle plus largement connue : l’intelligence mesurée par le quotient intellectuel.
Piaget a d’ailleurs inspiré de nombreux travaux, dont ceux d’Howard Garder, fondateur de la théorie des Intelligences Multiples.
Que mesure le quotient intellectuel ?
Commençons par de l'histoire.
Au début du XXe Siècle, l’Éducation Nationale a souhaité disposer d’un outil permettant de mesurer l’intelligence des enfants, afin d’identifier les élèves présentant des difficultés et optimiser leur réussite scolaire. Ainsi, la première mesure de l’intelligence a vu le jour en 1905, grâce aux travaux menés par Alfred Binet (pédagogue et psychologue) et Théodore Simon (psychiatre). William Stern (1912) puis David Wechsler (1939) ont repris ces travaux pour élaborer le fameux outil encore utilisé à ce jour. Celui-ci se décline en trois modèles, proposés en fonction de l’âge. [1]
La mesure du Quotient Intellectuel permet d’évaluer les résultats d’une personne sous forme de Quotient (100 étant la moyenne), afin de la comparer face à la population.
Ces tests mesurent uniquement les habilités cognitives, selon quatre critères de référence :
· La compréhension verbale
· Le raisonnement perceptif (logique, analyse et résolution de problèmes nouveaux)
· La mémoire de travail
· La vitesse de traitement
Que ne mesure pas le quotient intellectuel ?
Si l’intelligence est la faculté à comprendre et découvrir des relations entre les faits et les choses (dictionnaire Hachette 2006), d’autres critères tout aussi pertinents devraient entrer dans la mesure. Cette définition de l'intelligence ne précise pas quelles sont les habilités nécessaires à cette faculté de compréhension. Par conséquent, elle n'évoque absolument pas les critères de mesure du Quotient Intellectuel.
En effet, de nombreuses dimensions de l'intelligence ne sont pas abordées dans la mesure du "QI" comme le quotient émotionnel, la créativité et les talents dont chaque personne est dotée.
Ce constat est d'autant plus important, qu’aujourd’hui certaines entreprises modernes reconnaissaient l’importance des « soft skills » ou des compétences comportementales. Cela démontre l’intérêt des entreprises et l’enjeux d'intégrer d’autres formes intelligences que celles mesurées par le QI. On peut ainsi parler également d’un management des talents, pour optimiser l’efficacité des salariés, tout en favorisant le plaisir au travail et la motivation. Francis Boyer, spécialiste en innovation managériale déclare ainsi que « Manager les talents permet de concilier, en agissant sur un seul levier, les besoins de l’entreprise (performance) et du salarié (épanouissement personnel) ».[2]
De plus, ces tests ne tiennent pas compte de l’impact des conditions dans lesquelles ils sont réalisés, comme le dénonce Elena Sender, reporter spécialisée dans les neurosciences : « La psychologue montre un modèle de construction à reproduire et déclenche le chronomètre, affirme-t-elle. La pression monte. Les figures se compliquent. Trop tard, le temps imparti est écoulé ».[3] Des éléments psychologiques comme le rapport à l’apprentissage et à l’évaluation, peuvent aussi être des facteurs de stress qui pourraient déstabiliser et fausser les résultats.
Elle souligne également que certains psychologues, dont Howard Gardner, dénoncent que le quotient intellectuel ne se focaliserait « que sur les facultés intellectuelles nécessaires à la scolarité classique. Selon lui, il n’a pas été prévu pour rendre compte des aptitudes non scolaires présentes en chacun de nous ».
Et l’intelligence dans tout cela ?

En 1923, Edwin Boring (psychologue américain) déclarait justement que
« L’intelligence est ce que les tests testent »[4].
Ainsi, il paraît fondamental de souligner que le Quotient Intellectuel n’a aucune influence sur les potentialités dont dispose une personne. Mesurer le QI n’est pas un acte neutre : cela peut parfois altérer la confiance en soi. Ce n’est que le reflet d’un test élaboré dans des conditions pouvant être stressantes, à partir de critères spécifiques et orientés uniquement les capacités logico-mathématiques et verbales.
Comme le dénonçait Albert Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson par sa capacité à grimper aux arbres, il passera sa vie entière persuadé qu’il est totalement stupide ».
Reconnaitre les multiples formes d’intelligences chez chacun, c’est s’enrichir de la diversité, ouvrir le champs des possibles et permettre à chacun de trouver sa juste place.
L'intelligence et le coaching
L'approche constructiviste de l’intelligence, permet d’ouvrir le champ des potentialités individuelles, en incluant différentes approches comme la théorie des intelligences multiples (Howard Gardner), les 34 talents (Institut GALLUP), l’intelligence émotionnelle (Daniel Goleman) et le réflexe créatif (Hubert Jaoui).[5]
Cette exploration peut avoir du sens, notamment lorsqu’une personne souhaite réaliser un changement dans sa vie professionnelle ou personnelle et qu’elle n’a pas conscience de toutes ses potentialités.
Ainsi, faire émerger les talents, c’est permettre à chacun de prendre conscience de ses aptitudes et de ses facilités. C’est aussi nourrir les valeurs et les besoins, qui permettent notamment de renforcer l’estime de soi.
C’est donc une réelle source de motivation, qui permet de renforcer le sentiment d’auto-efficacité, concept développé par le psychologue Albert Bandura.[6]
Pour conclure, oui évidemment, nous disposons tous d’une intelligence, composée d'une véritable palette de talents, qui forme notre unicité.
[1] WPPSI : Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence pour les enfants de moins de 6 ans. WISC : Wechsler Intelligence Scale for Children les enfants de 6 à 16 ans.). WAIS : Wechsler Adult Intelligence Scale pour les adultes.
[2] Boyer, F. (2013) De la gestion des compétences au management des talents.Focus RH, [En ligne] 03 avril 2013. Disponible surhttps://www.focusrh.com/tribunes/de-la-gestion-des-competences-au-management-des-talents-par-francis-boyer-27758.html
[3] Sender, A. (2019) Comment mesure-t-on le QI et quelles sont ses limites ? Sciences et Avenir, [En ligne] 10 mai 2019. Disponible sur : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/comment-mesure-t-on-le-qi-et-quelles-sont-ses-limites_133539 [4] Barry Kaufman, S. (2019) Être intelligent rend-il heureux ? Cerveau & Psycho, Volume 112, pp 83-85
[5] Ces notions seront abordées dans une prochaine publication. [6] Sentiment d'auto-efficacité (ou sentiment d'efficacité personnelle) : Le sentiment qu'a une personnel d'avoir la capacité de réaliser quelque chose de spécifique.
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